
Une étude confirme les avantages des zones à faibles émissions
Dans une étude à laquelle j’ai participé, une analyse comparative a été faite entre la zone à faibles émissions (LEZ) de Bruxelles et celle de Londres. L’étude montre que les quartiers pauvres de Bruxelles sont ceux qui ont le plus à gagner de l’introduction de la LEZ, et elle recommande également un agrandissement de la LEZ.
J’ai été l’un des pionniers de l’introduction de la LEZ à Bruxelles. Notre proposition a été approuvée par le Parlement de Bruxelles en 2017. Plusieurs études ont depuis montré que l’introduction de la LEZ a un impact important sur la qualité de l’air à Bruxelles. Bruxelles Environnement a publié l’année dernière un rapport avec des résultats très positifs.
Plus de pollution dans les quartiers pauvres
La nouvelle recherche de Verbeeck et Hincks (publication : Elsevier), se concentre sur les modèles socio-économiques et les effets spatiaux à Londres et à Bruxelles. Les chercheurs ont effectué une comparaison entre le “Grand Londres” et le “Grand Bruxelles” (y compris les périphéries).
L’analyse comparative montre que les quartiers pauvres de Bruxelles sont proportionnellement plus exposés à la pollution de l’air que les quartiers plus riches. Ce n’est pas le cas à Londres, où l’on ne trouve aucune tendance socio-économique. En d’autres termes, à Bruxelles, ce sont les quartiers les plus pauvres qui sont les plus touchés par la pollution, alors qu’à Londres, la pollution est plus ou moins la même partout. Ce résultat ne me surprend pas, car Molenbeek est l’un des communes où la pollution est la plus élevée, en raison de l’importance du trafic de transit et de la densité de la population. Une autre conclusion importante de l’étude est que les transports publics à Bruxelles sont mieux organisés dans les quartiers les plus pauvres, contrairement à Londres, où les quartiers les plus riches disposent de meilleurs transports publics.
La LEZ est socialement justifiée
Ces observations confirment l’importance de la LEZ et montrent que l’argument de la justice sociale contre l’introduction de la LEZ à Bruxelles n’est pas vraiment valable. Il est effectivement vrai que ce sont surtout les personnes ayant moins de moyens qui ont le plus souvent des voitures non conformes. Mais ce sont précisément ces personnes qui disposent des meilleures alternatives à la voiture et qui, souvent, arrivent à leur destination en Région bruxelloise plus rapidement avec les transports publics qu’avec la voiture.
En outre, il existe des corrections sociales et les familles qui remettent leur voiture peuvent recevoir une prime allant jusqu’à 900 €. De plus, ils bénéficient des conseils gratuits d’un coach en mobilité. Cet expert peut aider à chercher différentes alternatives pour la voiture. Des abonnements gratuits sont automatiquement proposés pour Cambio, SNCB-STIB et Villo. Les années suivantes, les mesures de soutien seront renforcées par des primes supplémentaires et la nomination d’un “gestionnaire de la pauvreté routière”, qui s’occupera uniquement de l’impact des normes automobiles plus strictes sur la population la plus vulnérable.
Pour un élargissement de la LEZ
Une dernière conclusion de l’étude est que la LEZ actuelle à Bruxelles ne tient pas suffisamment compte des ‘hotspots polluants’ situés juste en dehors de la Région. Au nord de Bruxelles, par exemple à Vilvorde et à Machelen, les concentrations de dioxyde d’azote (NO2) et de carbone noir sont trop élevées, surtout autour de l’autoroute et des zones industrielles. Un élargissement de la LEZ qui inclut le ring de Bruxelles aurait déjà un effet positif sur la qualité de l’air.
Ceci est important car 45% des concentrations totales de NO2 à Bruxelles proviennent de l’extérieur de la Région. Ceux-ci sont amenés par les courants d’air. Cependant, il s’agit principalement de polluants provenant de l’industrie et de l’agriculture. Néanmoins, 44% des concentrations à Bruxelles sont directement dues au trafic, dont une grande partie est causée par les navetteurs qui viennent à Bruxelles pour travailler (source: Bruxelles Environnement).
Ces dernières années, l’impact de la pollution de l’air sur notre santé reçoit enfin plus d’attention. Une récente recherche européenne a calculé que plus de 1 000 décès pourraient être évités chaque année si Bruxelles présentait les mêmes faibles concentrations que Tromso en Norvège, la ville européenne la mieux notée. Il y a donc encore beaucoup de travail à faire, la LEZ étant déjà une mesure importante pour faire mieux à l’avenir. L’objectif ambitieux d’électrifier complètement le parc automobile d’ici 2035 fera une grande différence pour tous les Bruxellois. Le nombre de décès dus à la pollution diminuera de façon spectaculaire.
Photo: Marc Baert